January 28, 2013

Il n'y a qu'un pas...

L'inconnu, c'est ce mouvement qui hante le bruit des pas de l'acteur quand il entre en scène. L'inconnu, c'est ce déploiement presque magique d'apparition de pan mouvant de réel. Il vibre en suspens dans les airs qui s'entrechoquent et grelotte de terreur. L'assurance du pas qui ose s'introduire en zone d'illusion doit conserver toute sa contenance au point d'être capable d'incarner la surprise et l'artifice du jeu sous toutes ses formes ; intonations et démarches empruntées, travestisme et autres maquillages biens pansés sous la plaie ouverte du regard qui demande à être submergé pour mieux se raidir et se figer d'effroi, d'émoi en s'oubliant dans la nature morte qu'il observe en bon voyeur. L'inconnu, ce doux fantôme niché dans les cordes et les rideaux. C'est celui qui autorise le passage entre le réel et l'illusion contre quelques doses de lucidité à l'actant, à l'intrus qui s'impose sur un espace scénique et donc sacré. L'expression consacrée qui dit « il n'y a qu'un pas... » prend à présent tout son sens grave et solennel.

ça va ça vient #1


 Tout est dans le contrôle. Tout est dans la subtilité de la hâte gênée. La vraie force d'être, c'est de faire confiance à l'inconnu. Thomas s'enfonce dans les rues glacées de Dijon, direction les castings. Léa se réveille en retard, enfile une robe d'été et orne son cou d'un carré de soie ; elle prendra un café à emporter sur la route. L'air sérieux il arpente des rues inventées qu'il ne connaissait pas. Curieux et téméraire, il pousse une porte entrouverte. Elle fait signe à un taxi et se laisse glisser sur le périph'. Il entre.
- Monsieur T. ?
- Oui.
- Enchanté.Le jury va vous recevoir dans 5.
- Très bien.
Elle frappe. L'on lui ouvre la porte. Le jury l'applaudit. Elle irradie. Elle s'en moque. Thomas rentre chez lui sans attendre le verdict. Il n'y a jamais qu'une seule place à gagner.

Luka se lève. Il roule un joint que Samuel fume. Ils font l'amour, prennent leur douche ensemble et le micro-onde leur apporte le café. Ils abusent des minutes qui leur restent, s'embrase d'un doux baisers sur le front et partent au boulot. Luka prétendra « Merci. Bonne journée à vous. A bientôt. » Être caissier, encaissé l'humeur des gens à ne plus savoir quoi en foutre. Samuel jouera sur son smartphone en attendant que le tram l'emmène à destination. Ils pensent l'un à l'autre le cœur léger. Luka prend une pause. Samuel l'appelle. C'est encore mieux qu'un p'tit café bien serré. « Courage ! On se revoit bientôt. » Le soir venu, devant une bonne pizza et quelques bières, ils regardent une série en V.O. non sous-titrée américaine ou suédoise.

Florent se lève tôt et se couche tard. Son pote Jimmy l'appelle de bonne humeur, l'invite à prendre le thé. Joints et compagnie se joignent à ce festin de rois. Enivrés de pollen et de fruits frais, ils regorgent d'imagination les pieds et poings cloués au sol en écoutant des opéras.

January 27, 2013

Un plan d'action...

Sur un banc.

- Puis-je te faire une confidence ?
- Bien sûr, qu'est-ce qu'il y a ?
- Je ne sais pas trop. Je me sens nostalgique. Il y a quelque chose qui me manque mais je ne saurais dire quoi. C'est comme si ça me grattait le ventre de l'intérieur.
- Euh... Ouais... mais genre, tu te sens bien ?
- Oui pourquoi ? J'ai dit nostalgique, il n'y a rien de déprimant la dedans.
- Non bien entendu, mais tu es sûr qu'il n'y a rien d'autre ?
- Si. Il y a ce vide en moi.
- Quel vide ?
- Je n'en sais rien. C'est une sensation à laquelle je n'arrive pas à rattacher le moindre souvenir.
- C'est-à-dire que quand tu y penses, tu ne ressens rien du tout, à cet endroit.  Il pointe son coeur


- C'est peut être ça. Je ne me sens le coeur à rien. Je me contente d'être et de me taire.

- Et pourtant, tu me parles, non ?
- Avec toi c'est différent. Tout semble évident. Tu me poses les bonnes questions. Tu as toujours été là pour moi. Je sais bien que je suis malade et que personne ne veut plus m'approcher.
- Ne dis pas des choses pareil. C'est absurde.
- Non, je sais bien que je suis mort d'une certaine façon, bien avant l'heure. Il me reste tant à voir.
- Donc il y a tout de même du positif dans tout cet bazar dans ta tête.
- Ce n'est pas dans ma tête. C'est dans mes nerfs.
- Tes nerfs.
- Oui.
- Explique.
- C'est comme si, dès que je me retrouve en compagnie de trop de personnes, tout mon corps saturait en décharges électrique et que mes nerfs irradiaient.
- Ouais, intense, quoi.
- Non, plus encore.
- Hmm...
- Le problème, c'est que je sais que je dois utiliser ces manifestations d'une certaine façon, je rêverais de les transposer, de les rendre visibles, vraies aux yeux de tous... Et c'est là que le vide s'installe de nouveau. Je me renferme sur moi-même et je n'ose sortir de ma coquille.
- Mais ce ne sont que des passades. Tu verras. Ca ira mieux. Je te le promets. Malheureusement, je dois partir. Mais je reviens te voir très bientôt.
- Oui, s'il te plaît. J'ai besoin de toi pour élaborer un plan.
- Un plan... ?
- Oui, un plan pour communiquer ce que je suis.
- Nous en reparlerons. Profite, d'un peu de détente en écoutant de la musique. Je t'ai apporté de nouveaux CDs. Tu les demanderas à tes infirmières.
- Merci.
- Allez, je dois vraiment y aller. A une prochaine.

Il pleure. Elle s'en va. 

January 23, 2013

C'est comme ça, c'est ainsi, tel quel.


 C'est un essai anti-formatage biographique et fictif à long terme sur les relations complexes que j'entretiens avec ma famille ; sorte de parcours obscur en surface mais qui se révèlera à lui-même à travers une introspection poussée peut être à l'extrême du fait que l'influence de la lecture et de l'écriture est centrale dans le rendu de tous ces liens apparents de la mémoire qui une fois couchée sur le papier à de maintes reprises, non sans en avoir payé le prix fort quand l'objectivité doit faire un détour par la folie des jours de dépression, saura rendre tout le potentiel de l'individu face à lui-même avec sa propre compréhension du monde qui l'entoure et avec pour seuls repères, son langage et sa propre vision de chaque chose en tout temps et en tout lieu.

Comment capturer l'instant quand l'esprit passe son temps à le distiller encore et encore ? Que reste-t-il d'un souvenir quand la main décide de l'écrire de telle ou telle autre manière ? La fiction a-t-elle sa place dans l'écriture de soi ? Comment vaincre l'auto-censure et la pudeur de celui qui se souvient et qui s'écrit ? Toutes ces questions resteront probablement sans réponse. L'écriture se voile elle-même quand l'acte lui-même se cherche et recherche les mots les plus justes pour révéler l'histoire d'une vie qui ne demande qu'à être plus sûre d'elle-même et plus présente. Tant de notions clefs et tant de portes à enfoncer restent à être découvertes tant dans l'écriture de soi que dans la lecture de soi.

“Qui suis-je et comment être le reflet de mes propres expériences quand l'on sait pertinemment que l'on n'est essentiellement témoin de sa propre vie quand l'acteur n'est autre que l'auteur ?”

La toile se peint au fur et à mesure des souvenirs narrés à travers les attentes et les regards qui ne nous appartiennent pas. Les mots choisis seront d'une neutralité intransigeante et d'une poésie unique en son genre. La forme du texte suivra les élans de nostalgie, de frustration – initié par un souvenir trop flou duquel l'on pense être pris au piège avant de se rendre compte que faire demi-tour, regarder plus loin encore en arrière nous permet davantage de nous projeter en avant et d'anticiper tout le reste – être sûr de soi. La maturité cherche à s'échapper du silence logé dans toutes les gorges nouées. La curiosité et la libération de soi à travers l'introspection et la recherche de soi pour soi en soi avec soi – un dialogue inintérompu entre le souvenir reconstruit et l'avenir rêvé. Quelles traces restent-t-il de notre passage dans le monde vivant où seule la loi du mouvement régit toute chose ? Ô temps suspends ton vol ! Arrêtons-nous un temps soit peu au détour d'une seconde de répi, assis dans le bus en direction du boulot, là où savoir être soi pour être ce que l'on est et ce que l'on fait relève du champ lexical de la survit si l'on ne veut pas dépérir dans un monde où l'on s'oublie trop.

Ne nous oublions pas mais rappelons-nous de qui nous sommes et d'où nous venons! Présentons-nous avec ce que nous sommes de plus entiers et de plus secret. Ne nous compromettons pas dans un dialogue de sourd universitaire, fraudeur de connaissances autres celles du regard introspectif. Enseignons le regard vers soi pour aller vers l'autre. Cassons les barrières figées de la pensée chrnologique et unique. Pensons-nous tous réellement de la même manière ? Parlons avec nos mots! Faisons de l'illettrisme, l'ennemi universelle numéro un! Célébrons le langage pour se parler et se communiquer. Que les classes et les communautés tombent et que la parole soit donnée à tous. Que les gardes fou de la pensée et de la parole au nom de tous se relèvent de leurs erreurs et qu'ils réalisent dans les rues et dans les gouvernement l'omission fondamentale qui les guida dans leur mauvais choix, le leadership n'existe pas. Nous nous guidons dans le regard de l'autre qui sait d'où il vient et où il veut aller, seul ou accompagné. Offrons-nous une chance vers une multitude de civilisations et d'opportunités pour un monde interconnecté au nom de la différence et du don de soi dans le regard toujours bienveillant de l'autre (pourquoi toujours bienveillant ? Car tout le monde pense qu'il a toujours raison quand il vient à court d'argument face à un individu qui pense différemment. Qui n'a jamais détourné son discours d'une conversation qui ne berçait pas ses propres illusions dans la fuite de la mise en regard et de la confrontation du soi vers l'autre.)