Il surfait sur le net et
se rendait compte qu'il déambulait sans vraiment le vouloir, sans
vraiment le savoir, ni sans connaître les raisons qui le poussaient
à être là... Il se contentait de cliquer et de taper du texte dans
le net. Puis un jour pas fait comme un autre, il ressent le besoin de
laisser une sorte d'empreinte comme pour accélérer un processus
obscure que lui même se savait de quelle manière définir. Il
errait en simple monsieur tout le monde sur les vagues du web. Chat,
mails, google & Co.. Rien ne lui échappait. Un viol à la Maison
Blanche? Un typhon au Japon? Le dernier virus à la mode fait
des ravages? Il était sur tous les coups. Et il ne croyait en rien
tout ce qu'il lisait. Saint Thomas était chez lui le plus sage des
aveugles et le plus con des intellectuels. Dès que tout le monde
était bourré, il ramenait sa fraise pour dire des conneries et
quand il était lui-même éméché, il serait d'autant plus
appréciable de ne rien développer sur ce sujet... C'était un gars
normal, comme tout le monde. Rien de bien méchant mais pas futé
non-plus. Pas plus con qu'un autre mais il a toujours raison dans ce
qu'il ressent. Là dessus, il était imbattable. Une émotion, un
brun de souffle coupé au beau milieu d'un adieu d'aéroport que
personne ne voit sauf lui, il respirait en secret un air qui lui
donna l'hélium et les vapeurs d'angoisse de la vie jour et nuit que
sa main lui insuffla l'idée de dépeindre en émotions épileptiques
couchées sur le papier.
Le matin, il passait des
heures à recouvrer les mémoires inventées au cours de son sommeil
dit-paradoxal mais encore plus secret et de loin plus ultime que
cette part en nous qui dort profondément si ce n'est d'avoir l'envie
la plus intime et la plus profane de vouloir réveiller et décrire
la moindre sensation et la moindre chose que cette part renferme en
nous. Parfois, par trop de pression, elle se perfore comme du bois
sec et pourri et gicle en lacs donnant des formes les plus humaines à
un mélange de rien, de médiocre et d'esclave ; cet acte volontaire
de notre inconscient n'est perméable de temps en temps qu'au plus
malin des idiots qui ne terminent pas l'école. "L'on dit des
génies qu'ils sont précoces mais nul besoin de vous raconter la vie
d'Einstein... Le pauvre, quand on sait où ça a mené le monde, il
doit bien être en train de errer entre les couloirs du temps le
bichon." Voilà. Tout ça, il l'imaginait. C'est dense et lourd
mais il y met ses tripes et si vous le lancer sur le sujet, il vous
dirait probablement avec exactitude le moindre frisson et la moindre
décharge électrique qui l'animaient.
Dans son crâne qu'un
fin filet de lumière coupe en diagonale, il imagine des cosmos, la
vie des autres, les rêves éveillé et le goût de la contemplation.
Il créait des petites légendes, des récits originels et autre
principe anthropique.
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Il ouvrit lentement les
yeux et fut éblouit par des étincelles de plus en plus lumineuses
en forme de petits bâtons et de cônes multicolores. Tout ce
phénomène d'osmose inverse roulait comme un montage en super 8 dans
sa cervelle en toile cirée ; des notes de jazz sortaient des
oreilles de couples se faisant face. Un voile brumeux enroulé autour
des nerfs optiques, la scène prit une forme plus nette avec, au
premier plan, une ombre qui contrastait avec le décor chaleureux qui
rayonnait autour de ses traits fins. Une femme. « Bonjour. Je
m'appelle Julie. J'ai trente cinq ans. »
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Trois battements de
phrases : POUM-POUM-TCHACK ! Le réflexe miraculeux
qui opère et génère le secret de nos origines ; les joies du
couple moderne inter-connecté sur les sites de rencontres. Julie
s'en voulait déjà d'être venue à ce speed dating ;
elle prit conscience du désintérêt que cet inconnu ressentait à
son égard. Il ne la regardait même pas. Il était ailleurs.
N'était-elle pas pourtant jolie dans sa petite robe fendue et ses
talons haut en fer forgé qui lui cassaient le dos en deux ?
Elle commençait à rager et voulait s'enfuir plus que jamais. Elle
s'était humiliée toute seule en venant ici.