Dans la
méga-cité – ô merveilles ! – les néons de travers, tu
traces ton dessein, petit bout d'évasion, tu effleures du bout de la
langue le béton qui goûte comme un vieux phare perdu en mer. Tu
éclaires ta propre destination.
Je pense à
toi en rêve éveillé en marchant dans les rues bondées, un sourire
en coin. Tu ressembles à ce rêve que j'ai fait autrefois, que j'ai
fait tant de fois, que j'ai fait avec toi ! Dis, on le refera ?
On le refera ? Allez ! Dis-le, qu'on le refera !
Je me
perdais dans les allées sombres comme tes yeux qui perlent le noir
des mers de Chine. Oh victoire ! Tu me donnes la main. Tant de
beauté dans un geste. Poésie incarnée que je bois à même tes
paumes. Prisonnier de tes reins, que c'était bon ! Nous nous
embrasons et dans nos cendres nous nous réveillons, fumigènes,
volupté. Jure, qu'on le refera !
Devant
nous, il y avait ce vide inconnu. Les vertiges et la peur de ne plus
pouvoir faire qu'un. Perdus dans les soirées, entre la bouteille de
rhum et les paquets de tabac, nous nous sentions seuls au milieu de
tous ces gens qui ne se doutaient de rien. Nos corps n'en pouvaient
plus de tant de secrets, que j'ai fait avec toi, qui nous poussaient
aux bords des grands ponts de la city, main dans la main, prêts pour
le grand saut. Dis, on le refera ?